Marie-Noëlle Lauzent, présidente de Ardèche

Marie-Noëlle Lauzent

Arrivée dans l’Ardèche voilà dix ans pour reprendre un magasin de presse, la Vauclusienne s’est tout de suite engagée aux côtés de Culture Presse (ex-UNDP).

Marie-Noëlle Lauzent a 54 ans quand, en 2007, elle rachète le magasin de presse de Privas, enseigne historique de la ville, que nombre de ses clients actuels ont connue dans leur enfance.

Dans une première vie, elle a vendu des fruits et légumes avec ses parents, s’est mariée, a arrêté de travailler pour se consacrer à sa famille, s’est formée au secrétariat de direction, a repris une activité professionnelle à partir de 1986...

"Je suis entrée dans ce métier sans le connaître. Je venais de l’informatique et du secrétariat. Quand l’entreprise a fermé et, après quatre ans pénibles d’intérim, j’ai décidé de vendre mes biens, une maison dans le Vaucluse, pour acheter une affaire. Par goût, je m’orientais plutôt vers la librairie, mais les banquiers m’ont dissuadée de prendre un commerce de librairie pure. J’aimais aussi beaucoup la presse et les recherches nous ont menés, mon associé et moi, au magasin de presse de Privas."

Dix ans après, cette commerçante comblée est aussi la présidente de la délégation Culture Presse de l’Ardèche. "À mes débuts, j’ai été très bien conseillée par l’organisation professionnelle, j’ai modernisé le magasin dès 2008 à la suite d’une réunion locale de l’organisation : rejoindre ses rangs m’est apparu comme une évidence. Pour apprendre le métier, je devais me rapprocher des gens qui le connaissaient bien."

Marie-Noëlle Lauzent déplore au passage que la formation presse ne soit plus obligatoire. Cela fait partie des revendications qu’elle soutient avec Culture Presse, "au moins pour les débutants, car démarrer sans rien savoir est une aberration. On subit le métier, et le risque d’être submergé est réel."

Diversification intelligente

Dans son magasin de 70 m2 (presse, librairie, tabac, papeterie, FDJ et confiserie) qui trône sur la place principale de Privas (9 000 habitants, mais la zone de chalandise abrite 18 000 personnes avec les villages sans commerces des alentours), Marie-Noëlle se décrit comme sans arrêt "aux aguets avec son équipe" pour faire vivre son magasin.

Elle a diversifié ses activités, notamment avec la papeterie et la décoration. "La diversification, on en a encore besoin malgré l’augmentation de la rémunération pour la presse négociée par Culture Presse. Ainsi, je suis depuis ses débuts les produits de la marque Chèvre and co. Ses trois jeunes créatrices ont eu l’idée d’imprimer sur des t-shirts, mugs, sacs, stickers, une chèvre ardéchoise la tête bandée, à la façon du drapeau corse... Cela a très bien pris, beaucoup plus auprès de la clientèle ardéchoise qu’auprès des touristes !"

Autre succès : l’activité abonnement, qui a connu un beau démarrage à Noël. "Les clients sont contents de passer par nous plutôt que d’être anonymes. Cela correspond tout à fait au tempérament ardéchois. S’abonner les intéresse mais si, en plus, cela permet de faire travailler le commerce local, ils sont conquis !"

Créer un vrai lien avec les éditeurs

Rompue très tôt au commerce, Marie-Noëlle adore le contact avec la clientèle. Même si au bout de dix ans et avec trois salariés, elle doit consacrer beaucoup plus de temps à la gestion d’entreprise qu’à ses habitués. Elle n’a aucun regret : "C’est tout l’intérêt de ce métier riche et très varié : la vente simple, le contact client, l’achat de marchandises, et une réflexion permanente pour anticiper les goûts et ne pas s’endormir ni endormir le client !", analyse-t-elle.

Un combat de tous les instants qui va de pair avec ceux menés pour Culture Presse. Après celui de la rémunération, "une grande victoire dans le contexte actuel, nous sommes attentifs à la mise en place du Système d’Information, notamment l’accès pour les marchands à un portail Internet dédié. Celui-ci leur permettra de s’adresser directement aux éditeurs pour ne plus être confrontés au client qui demande une revue qu’on n’est pas en mesure de lui fournir…"

Dans les coulisses du métier

Autre motif de mobilisation : en 2013, la délégation ardéchoise a fait face à un changement de dépôt (d’Aubenas à Valence), sujet sensible sur ce territoire très étendu découpé en deux (Nord et Sud Ardèche). "Nous avons accompagné nos confrères du Sud dans ce virage. En plus, l’été approchait et pour certains d’entre eux, qui font 50 % de leur chiffre sur ces trois mois, il s’agissait de ne pas rater la saison. On a fait de même pour le nord du département, qui a basculé l’an dernier sur la SAD à Lyon. J’ai eu des remontées faisant état de difficultés, on a organisé une AG avec les marchands et le dépôt. Depuis j’ai moins d’appels, c’est bon signe." La prochaine AG – prévue le mardi 13 juin – va concerner l’Ardèche et la Drôme, départements pour lesquels elle recherche des délégués Culture Presse. "Endosser cette fonction, c’est se donner la possibilité de voir les coulisses de notre métier. Et de se battre pour améliorer les choses."

Pour Marie-Noëlle Lauzent, travailler la presse est un défi quotidien dans une ville, Privas, qui ne bénéficie pas de l’afflux touristique du sud du département. "Privas est un point de passage au centre de l’Ardèche, c’est la préfecture, donc une ville peublée de fonctionnaires, où les touristes remplacent ceux qui partent en vacances. Ce qui fait 10 % de clients en plus l’été. Quand j’ai commencé, la presse était vraiment en baisse, mais elle relève la tête. Avec moins 0,45 point en 2016, on a moins perdu qu’au niveau national. Ici la lecture du quotidien local reste encore sacrée, on en vend 170 la semaine et 550 le dimanche." Encore un combat de gagné !

Françoise Ricard
Bio Express

1970/75 : commerçante en fruits et légumes.
1975-86 : se consacre à sa vie de famille.
1986 : formation au secrétariat de direction dans le Vaucluse. Travaille dans l’administratif et l’informatique.
2007 : achète la Maison de la presse de Privas (Ardèche).
2010 : vice-présidente de l’UNDP (Culture Presse) Ardèche.
2013 : élue présidente, réélue pour trois ans en 2016.