Chères consœurs, chers confrères,
Nous sommes toujours hélas dans une situation sans précédent. Sur l’ensemble du territoire, la distribution reste très perturbée, de manière inégale selon les régions et bien évidemment selon les dépôts. Sur les zones ex-SAD/Soprocom, des régies propres à chaque messagerie se sont mises en place, bon an mal an. Les flux physiques et leur traitement financiers reprennent très progressivement. Je pense notamment aux invendus qui pour partie ont enfin commencé à être rappelés : si nos linéaires se vident un peu plus, en nous générant un travail lourd et fastidieux, il faut bien le dire, au moins le cycle de facturation amorce un retour plus logique. Là-dessus, notre crainte a été entendue. De même que celle concernant les titres dont la date de relève est passée – qui seront donc gérés en oubliés et dont la possibilité de retour a été repoussé au 30 juin : c’est la moindre des choses.
Notre préoccupation principale reste bien sûr l’approvisionnement. Sur les zones de Lyon et Marseille, la situation est tout simplement catastrophique ! J’exhorte une nouvelle fois tous les acteurs à se parler, à travailler conjointement pour revenir à une situation normale. Je dénonce vigoureusement les syndicats qui ne cessent d’empêcher les plans de secours de se mettre en place. Ce n’est pas en mettant à genoux nos très petites entreprises qu’ils sauveront les emplois de leurs adhérents ! Aussi, parce qu’il s’agit de la survie, sur le secteur de Lyon et Marseille, de plus de 1200 des nôtres, le bureau national de Culture Presse a décidé d’agir concrètement. Après avoir bien sûr rappelé aux plus hautes instances (Arcep et Ministère de la Culture) de peser pour que cesse cette situation. Nous avons décidé et mis en œuvre en un temps record, grâce au soutien du 1er éditeur de presse magazine en France, Prisma Média que je tiens à saluer ici, la distribution en direct de ses titres (hebdos et quinzos) aux marchands indépendants de ces zones gravement touchées. La solution est exceptionnelle et sans doute imparfaite, mais elle vise à pallier temporairement le défaut de toutes les distributions inabouties jusqu’à présent. J’ai profité d’un échange avec un grand nombre d’éditeurs de la CDM, ce matin même, pour lancer le même appel afin que des débuts réels de soutien se manifestent envers les marchands, qui entrent dans leur 4ème semaine sans aucune livraison
Par ailleurs il a été décidé de mettre en lumière ces réelles difficultés, puisque l’écho médiatique semble très loin de ce que nous sommes en train de vivre, nous marchands. Nous sommes en train de construire une galerie photos, hélas repoussante, de nos linéaires, offrant une piètre image de la presse dans notre pays. Faut-il en passer par le « choc des photos » pour faire prendre conscience qu’il faut agir enfin si l’on veut préserver ce réseau courageux et impliqué ?
Elles seront régulièrement relayées dans la Quotidienne et partagées largement, avec des témoignages de nos confrères – ils ont déjà commencé, voir celui de la Quotidienne de mercredi dernier, en Gironde.
Enfin, un observatoire se met en place pour évaluer précisément l’état global de la distribution, sur un panel de marchands volontaires. L’ensemble de ces photos, témoignages et informations issues de notre observatoire, seront relayées dès cette semaine aux pouvoirs publics et au grand public chaque jour, afin d’alerter davantage.
Je sais que la situation est compliquée – pour certains désespérée. Mais sachez que j’agis au mieux et au plus efficace. Nous devons être respectés pour chacun de nos droits et je continuerai inlassablement à agir plutôt que de commenter.
Dernier sujet dont je tenais à vous parler : les compléments de rémunération, car là aussi, la pression n’a pas été relâchée. Dès le 28 avril j’avais déjà alerté le Ministre sur le versement pour le semestre en cours, dans un courrier – voir également mon message direct aux marchands du 7 mai. En réponse, Presstalis a annoncé un envoi de nos chèques autour d’octobre-novembre. Nous resterons vigilants, il ne s’agit là que de notre dû, il faudra aller beaucoup plus loin, comme j’ai déjà pu l’évoquer en début de crise sanitaire, et je vous en reparlerai très vite.
Je vous souhaite bon courage et continuez à prendre soin de vous.
Bien solidairement,
Daniel Panetto
Edito du 2 juin 2020, la Quotidienne