Plusieurs vies dans une vie, c’est possible ? Pour Nathalie Vauthier, la réponse est assurément oui. Gérante de la presse-tabac de la petite commune sarthoise de Ballon-Saint-Mars, elle est aussi secrétaire de la Fédération des buralistes de la Sarthe, secrétaire de l’association des commerçants de sa ville, et, depuis le printemps, présidente de la délégation du Mans de Culture Presse.
Et pourtant… avant d’embrasser ce métier dans lequel elle s’épanouit pleinement, Nathalie Vauthier a déjà connu plusieurs expériences : des études de prothésiste dentaire, une carrière dans l’industrie dans laquelle elle a gravi les échelons, un plan social, la reprise d’études à 40 ans, une désillusion et puis… « Quand j’ai repris études à 40 ans, je suis retournée travailler dans l’industrie. Je crois en un management de proximité, qui valorise l’humain, et dans ce secteur je ne trouvais rien en accord avec mes
convictions personnelles. Au bout d’un an, j’ai fait un gros burn-out et me suis complètement remise en question », explique Nathalie Vauthier.
C’est dans ce moment délicat que la vie lui a envoyé un petit signe. « J’ai appris que la propriétaire de la presse-tabac de Ballon-Saint-Mars, que je connaissais, vendait son magasin. J’ai dit que j’en parlerais autour de moi. Et puis, alors que je m’interrogeais sur ma propre carrière, j’ai réalisé que c’était ça que je voulais ! », se souvient la commerçante, dont la mère tenait déjà un commerce multi-services à Congé-sur- Orne (Sarthe). Une façon de boucler la boucle 40 ans plus tard. « Cela fait trois ans et je n’ai aucun regret, au contraire. J’aime les défis, et aucun jour ne se ressemble dans ce métier. Je suis persuadée que mon avenir est là, ce magasin c’est un peu mon bébé ! », assure-t-elle. Un magasin, d’ailleurs rebaptisé Press Mano, allusion au « papier que l’on prend à la main », et aux prénoms de ses deux (grands) enfants, Maxime et Noémie. Défi supplémentaire : la commerçante a pris au printemps dernier la présidence de la délégation du Mans de Culture Presse, après avoir adhéré et été épaulée dès le départ par l’organisation professionnelle. « Ma première carrière m’a appris à échanger avec les gens, j’ai eu jusqu’à 150 personnes sous ma responsabilité. J’ai cette fibre, cette facilité à expliquer les choses », raconte Nathalie Vauthier, qui dit avoir
trouvé dans l’organisation professionnelle « comme une famille ». « Cela fait du bien de se retrouver au quotidien avec des gens qui vivent la même chose que nous, qui nous comprennent, savent ce qu’on peut traverser », ajoute-t-elle.
Parmi les dossiers qui lui tiennent à coeur, la formation de ses confrères, la rémunération, la nécessaire diversification… Côté « soupapes », cette hyperactive décompresse en cultivant et entretenant des plantes, jusque dans son magasin. « Je n’avais pas du tout la main verte, je m’y suis mise en reprenant le magasin et maintenant je m’éclate làdedans », s’amuse Nathalie Vauthier. Et de sourire quand on lui fait remarquer qu’après tout, les marchands de presse sont qualifiés de « jardiniers de la démocratie ».
Une autre façon de boucler la boucle…
Juin 1975 : Naissance au Mans
1995 : Après un CAP de prothésiste dentaire, travaille dans le secteur de l’industrie pendant une quinzaine d’années
2015 : Reprend ses études après un plan social dans son entreprise, et réalise un Master 2 de management d’unité et de projet
2020 : Reprend la presse-tabac de Ballon-Saint-Mars (Sarthe)
2023 : Elue présidente de la délégation du Mans de Culture Presse