En 2012, lorsque Alain Quénéhervé décide de changer de vie et de job, il hésite un temps à devenir consultant indépendant.
Trois ans plus tard, le gérant de la Maison de la Presse de Concarneau indique dans un grand éclat de rire : "J'aurais quand même été moins embêté !" Le Breton – son nom ne laisse planer aucun doute – avait de toute façon besoin d’un nouveau défi après quasi trois décennies passées au Crédit Agricole.
"Depuis quelques années, j’étais moins en phase avec l’univers de la banque. C’est un monde qui a beaucoup changé. Aujourd’hui, c’est la rentabilité à tout crin, les actionnaires d’abord ; participer au développement économique du territoire y est devenu secondaire." Il négocie alors une rupture conventionnelle. L’indemnité qu’il perçoit lui permet de mettre sur les rails la reprise de la Maison de la Presse de Concarneau, alors en vente.
De l’autre côté de la barrière
Alain Quénéhervé découvre la presse sur le tard. Ses vingt-sept années passées au service financement des entreprises du Crédit Agricole lui ont fait acquérir une précieuse expérience. Il y a pris en charge les PME, avant de devenir responsable du marché des professionnels (artisans, commerçants et professions libérales). Parmi ses clients, il a d’ailleurs compté des marchands de journaux. "Avoir été de l’autre côté de la barrière m’a permis de me lancer sereinement. Je connaissais le degré de rigueur et la fibre commerciale qu’exigeait ce métier."
Dès 2014, il est élu président départemental de l’UNDP, devenue Culture Presse. "Rejoindre l’organisation professionnelle de mon nouveau job allait de soi", dit simplement ce fils d’un ferronnier-métallier, lui-même très militant. "J’aime la politique au sens noble du terme. Et j’ai toujours été investi dans la vie publique", justifie-t-il.
De 2007 à 2012, il a ainsi été conseiller municipal (d’opposition) à Concarneau. Politiquement, il se dit social-démocrate tendance Valls, "après avoir été rocardien, deloriste et strausskhanien". Le reste de son emploi du temps laisse deviner un fort appétit pour le collectif : il est membre de la chorale de la ville, joue de la musique (de l’accordéon), a pratiqué le foot vingt ans durant dans un club du coin, etc. "Toutes ces rencontres alimentent ma passion pour l’engagement politique." Un investissement dans la vie de la cité qui a facilité ses débuts de commerçant : "Lorsque j’ai commencé, je connaissais 80 % des clients qui entraient !"
Faire augmenter le nombre d’adhérents
En tant qu’élu, il s’est fixé deux principaux objectifs : être le relais de Culture Presse auprès des marchands et augmenter le nombre d’adhérents. "C’est le nerf de la guerre. À nous d’être davantage fédérés, à l’image des buralistes. Nous sommes des indépendants mais ne pouvons pas être des individualistes."
À ceux qui lui opposent que les réunions professionnelles se suivent et se ressemblent, il répond : "Peu importe, l’essentiel est de sortir de son magasin et d’échanger entre confrères, certains marchands ont les réponses aux questions que d’autres se posent."
Le rôle d’élu n’est pas simple. Au téléphone, Alain Quénéhervé sent ses confrères "désabusés". Or, il en est convaincu : "Il y a de la place pour nous. Nous sommes importants pour nos clients, nous créons du lien social, mais c’est à nous de nous battre et surtout de nous développer. Aujourd’hui, pour survivre, nos points de vente doivent atteindre une taille critique. Les trop petits magasins sont malheureusement voués à disparaître". Dans la pratique, il aimerait être mieux secondé. "Un représentant Culture Presse à Brest et un à Morlaix, ce serait l’idéal."
Études : bac scientifique, maîtrise d’économie à l’Université de Bretagne Occidentale et DESS “Banque et finance” à Rennes
1961 : naît à Quimper
1985 : entre au Crédit Agricole du Finistère, où il restera vingt-sept ans
2013 : reprend la Maison de la Presse de Concarneau
2014 : élu président UNDP (Culture Presse) du Finistère.
2019 : président de la délégation de Quimper (suite à la restructuration des délégations de Culture Presse)